Vanessa Arnold (*1972)
Née à Lausanne
Travaille entre Lausanne (VD) et Nax (VS)

L’œuvre de Vanessa Arnold se distingue par une attention portée à la coexistence entre l’homme et la nature, révélant un dialogue permanent entre fragilité, traces, transparence et introspection. Son vocabulaire matériel, essentiellement constitué de l’huile, de l’encre, du fusain et du graphite, lui permet de tisser une narration délicate, où le geste, souvent minimal, traduit le souci du suggéré et de l’indicible. La transparence, loin d’être un effet de surface, y incarne un espace de résonance pour l’impermanence, la faille, la trace — autant de concepts qui animent le processus créatif et le traversent de leur charge silencieuse.

Impactée par la nature et les interventions de l’homme dans le paysage – lignes à haute tension, fils électriques, fils de palissage, bandes effaroucheuses, anciennes baignoires devenues abreuvoirs, paravalanches, murets de pierres sèches — ces marqueurs, souvent utilitaires, deviennent le support d’un questionnement sur la mémoire, la précarité des usages et la transformation du territoire. En contrepoint, les traces laissées par la nature elle-même — empreintes animales, fossiles, écorces — dialoguent avec celles de l’humain, questionnant ce qui s’imprime, s’efface, et les frontières poreuses entre vécu et abandonné, apparition et disparition. Toutefois, ces éléments bien que porteurs d’une forte charge évocatrice, ne se traduisent jamais littéralement sur la toile. Ils nourrissent le travail à la manière d’esquisses mentales, de fragments perceptibles en filigrane, laissant les éléments émerger dans une abstraction, où chaque trace s’offre comme une réminiscence plutôt que comme une représentation.

La pratique elle-même tend vers l’économie du geste — l’artiste intervient le moins possible, privilégiant observation, lenteur et maturation, dans une temporalité étirée qui permet l’émergence progressive de la forme. Le temps, en tant que notion plastique et existentielle, irrigue la totalité de son œuvre : il marque le paysage, impacte les relations, structure la musique, et s’inscrit jusque dans le processus de création, fait d’aller-retour entre trace, effacement et estompe. Cette approche trouve ses racines dans une formation initiale à la photographie noir et blanc et son développement, complétée par des études en Histoire de l’Art, aboutissant à un travail de Master sur les photocollages de David Hockney, qui éclaire l’importance accordée à la recomposition des fragments et à la construction du regard.

Enfin, il convient de rappeler l’influence assumée de figures majeures de l’art contemporain, telles que Cy Twombly, Christo, Agnès Martin, Louise Bourgeois, Kiki Smith ou Eva Hesse, dont le travail autour de la trace, de la mémoire, de la matière, et du suggéré infuse silencieusement l’écriture plastique de l’artiste.

L’ensemble témoigne d’une posture singulière, attentive à la justesse du geste et à la qualité d’écoute du monde, où l’œuvre demeure un espace ouvert.