Vanessa Arnold (*1972)
Née à Lausanne
Travaille entre Lausanne et Nax

Biographie

Vanessa Arnold est une artiste visuelle basée à Lausanne.

Titulaire d’un Master en histoire de l’art obtenu à l’Université de Lausanne en 1998 — avec un mémoire consacré aux photocollages de David Hockney — elle a d’abord pratiqué la photographie, attentive à la présence humaine et à sa condition. Ses premiers travaux, réalisés notamment lors de voyages en Asie, développent un regard sensible et documentaire sur la fragilité des existences, la mémoire et l’impermanence.

En 2010, elle se tourne vers la peinture, un médium qui lui offre un rapport plus direct et silencieux la matière. Depuis sa première exposition en 2013, elle développe un travail en séries — Impermanence, Fragments, Transcriptions, Sédimentation — où la question du temps, de la trace et de l’effacement occupe une place centrale.

Démarche artistique

L’œuvre de Vanessa Arnold se distingue par une attention portée à la coexistence entre l’homme et la nature, révélant un dialogue permanent entre fragilité, traces, transparence et introspection. Son vocabulaire matériel, essentiellement constitué de l’huile, de l’encre, du fusain et du graphite, lui permet de tisser une narration délicate, où le geste, souvent minimal, traduit le souci du suggéré et de l’indicible. La transparence, loin d’être un effet de surface, y incarne un espace de résonance pour l’impermanence, la faille, la trace — autant de concepts qui animent le processus créatif et le traversent de leur charge silencieuse.

Impactée par la nature et les interventions de l’homme dans le paysage – lignes à haute tension, fils électriques, fils de palissage, bandes effaroucheuses, anciennes baignoires devenues abreuvoirs, paravalanches, murets de pierres sèches — ces marqueurs, souvent utilitaires, deviennent le support d’un questionnement sur la mémoire, la précarité des usages et la transformation du territoire. En contrepoint, les traces laissées par la nature elle-même — empreintes animales, fossiles, écorces — dialoguent avec celles de l’humain, questionnant ce qui s’imprime, s’efface, et les frontières poreuses entre vécu et abandonné, apparition et disparition. Toutefois, ces éléments bien que porteurs d’une forte charge évocatrice, ne se traduisent jamais littéralement sur la toile. Ils nourrissent le travail à la manière d’esquisses mentales, de fragments perceptibles en filigrane, laissant les éléments émerger dans une abstraction, où chaque trace s’offre comme une réminiscence plutôt que comme une représentation.

La pratique elle-même tend vers l’économie du geste — l’artiste intervient le moins possible, privilégiant observation, lenteur et maturation, dans une temporalité étirée qui permet l’émergence progressive de la forme. Le temps, en tant que notion plastique et existentielle, irrigue la totalité de son œuvre : il marque le paysage, impacte les relations, structure la musique, et s’inscrit jusque dans le processus de création, fait d’aller-retour entre trace, effacement et estompe.

Enfin, son écriture picturale est habitée par l’influence de figures telles que Cy Twombly, Agnès Martin, Louise Bourgeois ou Kiki Smith, dont elle partage le souci de la mémoire, du corps et du suggéré. Sa peinture ne cherche pas à représenter, mais à capter une tension entre apparition et disparition, une forme de présence fragile.

L’ensemble témoigne d’une posture singulière, attentive à la justesse du geste et à la qualité d’écoute du monde, où l’œuvre demeure un espace ouvert.